Éloge
du recul. Pourquoi ? Pour ne pas perdre notre discernement, notre jugement,
notre sens critique. Pour ne pas devenir anesthésié. Pour tenter de comprendre
les choses, les dessous, les mécanismes. Souvent, très souvent, les vents
contraires sont puissants. L’exemple d’Edward Bernays est parlant.
Bernays
explique aussi le rôle du « gouvernement invisible ». Une expression qui
aujourd’hui sonne légèrement complotiste, c’est vrai. Mais son idée fait du
sens. Bien des choses arrivent jusqu’à nous sans que nous en connaissions la
provenance exacte: idées, tendances, modes, produits nouveaux, etc. etc. Tout
ça m’est « imposé » par des inconnus qui forment un petit groupe qui décide
pour la majorité. On l’a bien vu pendant la pandémie. Nous avons appris qu’une
quinzaine de personnes à Québec, dont plusieurs stratèges en communication,
décident de chacune des actions sanitaires qui sont imposées. Leur travail est
discret, elles sont inconnues de la population. Les dictatures imposent le
contrôle par la force. Dans une démocratie, c’est plus subtil, nous dit
Bernays. Comme si le rôle de cette « force invisible » était d’ordonner le
chaos, de le prévenir en manipulant l’opinion et en imposant une sorte de ligne
directrice par le biais de tout ce qui arrive jusqu’à nous. C’est Bernays le
premier qui invente le titre de « conseiller en relation publique » étant donné
que le mot propagande a maintenant une connotation négative. Quand un mot
devient impopulaire, on le remplace par un autre souvent politiquement correct,
édulcoré. Vieille tactique. Ce ne sont plus des CHSLD mais des maisons pour
aînés. Ce ne sont plus des sourds mais des personnes malentendantes.
Bernays
est influencé par le Français Gustave Le Bon qui écrit La psychologie des
foules en 1895. Il nous dit notamment que les foules ne sont pas influençables
par des raisonnements. Elles pensent par images. L’imagination populaire joue
un rôle puissant, surtout pour les gouvernants. Une technique fort utilisée
pendant la pandémie alors qu’on manipule beaucoup l’émotion: l’image du malade
intubé aux soins intensifs, ces morts dans des camions réfrigérés, les enfants
masqués, grand-mère isolée parlant aux enfants derrière sa porte-patio. Les
médias, qui inexorablement jouent le jeu en défendant le droit du public à
l’information, amplifient la situation, servant cet objectif de « manipuler
l’opinion ». On « fabrique le consentement » pour reprendre le titre du livre
de Chomsky et Herman (1988). Le Bon parle aussi de la puissance magique des
mots et des formules: ça va bien aller, le vaccin c’est la liberté, zone rouge,
couvre-feu, barrages policiers, etc. Ces mots et ces expressions ne surgissent
pas au hasard. Ils ont un but. L’auteur nous rappelle que la foule préfère les
illusions aux vérités. C’est la possible fin du confinement si et si, le
possible petit party, la levée des restrictions si nous sommes vaccinés.
Finalement, c’est à se demander si le politique a intérêt à ce que la
population pense et réfléchisse. Le divertissement est formidable pour nous en éloigner.
Il est d’ailleurs ironique que François Legault, rappelez-vous, permette aux
tournages de séries et de téléromans de se poursuivent. District 31 était
sauvée.
Finalement,
parmi les techniques servant la manipulation, il y a des valeurs assez sûres.
D’abord, la peur…oui, encore elle. Puissante parce qu’elle est associée à la
sécurité. Vous avez peur ? Le gouvernement va vous protéger avec différentes
mesures. Cette peur est aussi associée à la mort, une fatalité que nous
craignons. Les clivages sont aussi efficaces : gauche-droite, vaccinés-non
vaccinés. Les dirigeants ont un intérêt à les entretenir. De cette façon, il y
a peu de place pour la nuance et la réflexion. On est dans un camp ou dans
l’autre, point. Comme un dogme. Enfin, le désir. Comme il ne faut pas
raisonner, on entretient notre désir des choses, des jours meilleurs, d’une vie
rêvée. La publicité l’a compris depuis longtemps. Freud parle de désirs enfouis
dans notre inconscient mais qui nous font agir, prendre telle ou telle
décision. Ça aussi, Bernays l’a bien compris. C’est la lotto-vaccin.
Tout
ceci démontre qu’il ne faut pas être dupe. En introduction de son ouvrage,
Bernays résume bien sa pensée :« Nous sommes pour une large part gouvernés
par des hommes dont nous ignorons tout, qui modèlent nos esprits, forgent nos
goûts, nous soufflent nos idées. C’est là une conséquence logique de
l’organisation de notre société démocratique. Cette forme de coopération du
plus grand nombre est une nécessité pour que nous puissions vivre ensemble au
sein d’une société au fonctionnement bien huilé. »
C’est
dit.